Direction Artistique

“Nous sommes comme deux colocataires d’une maison que nous construisons ensemble : il y a des espaces communs mais aussi des chambres séparées.”

Roxane Driay

Le Collectif La Portée est dirigé par deux artistes : Roxane Driay (son parcours) et Pablo Dubott (son parcours).
Tout deux se rencontrent en 2017 au sein de la promotion du Master Théâtre en Création de Paris 3 – Sorbonne Nouvelle. Dans le cadre de cette formation, iels travaillent en collaboration pour créer, entre autres, le spectacle P.L.U.S, leur projet commun de fin d’étude.
Au delà des affinités qu’iels développent, sur le plan professionnel leur rencontre laisse entrevoir de nombreuses références communes ainsi que l’ouverture à de nouveaux horizons.
C’est à la suite de cette année qu’iels décident de s’associer professionnellement et prennent la direction – à deux – du Collectif La Portée.

“Et là, un collectif est né. À partir de cette subjectivité inhérente de notre racine, c’est-à-dire, notre direction artistique en binôme.”

Pablo Dubott

Quel sens donnez-vous à votre binôme artistique ?

Pablo Dubott : Il est avant tout un choix de totale et absolue subjectivité. Faire le choix conscient de joindre tes énergies à la démarche d’un autre, n’est pas seulement un acte  de confiance, mais ça veut dire aussi te livrer entièrement (et parfois aveuglément) à l’esprit (et oh combien des fois, à la folie) de l’autre. Ce n’est pas juste nos similitudes artistiques qui nous ont rapproché, c’est aussi nos différences… parce qu’on était fasciné.e.s par ce que l’autre propose et que nous n’aurions jamais imaginé de le faire. Ce n’est pas juste une question de se “compléter” ou de “remplir les vides” de l’autre… il s’agit de quelque chose de beaucoup moins banal que ça. C’est une complicité, à la fois sournoise, à la fois stratégique, des fois de pure tendresse et d’amitié, des fois de rigueur et de stress. Ce binôme est un endroit de liberté : il nous engage à nos multiples casquettes dans une compagnie (directeur, metteur en scène, comédien, parfois scénographe et costumier…) et à la fois, cet endroit nous permet de nous épanouir dans chacun de ses rôles.
Et parce que ce binôme que nous continuons à construire est fondé sur l’admiration, l’intérêt et l’amitié qui nous porte l’un sur l’autre, nous élargissons ces sentiments vers tous et toutes nos collaborateur.ice.s : comédiens, musiciens, scénographes… Et là, un collectif naît de manière naturelle, avec cette subjectivité inhérente de notre racine (la direction en binôme). C’est parce qu’elle c’est elle, Roxane, parce que moi c’est moi, et c’est parce que eux c’est eux, tous nos ami.e.s qui composent ce collectif, que nous sommes nous.

Roxane Driay : Mon goût pour le théâtre vient essentiellement de sa dimension collective, mais j’ai découvert au cours de ma formation combien le rôle de metteuse en scène condamne à une certaine solitude. Dans ma collaboration avec Pablo, nous avons développé une connaissance de l’univers artistique de l’autre puissante et exigeante. Nous sommes un peu comme deux colocataires d’une maison que nous construisons ensemble : il y a des espaces communs mais aussi des chambres séparées. Pablo est tantôt mon metteur en scène, mon comédien, mon dramaturge, tantôt un spectateur au regard particulièrement aiguisé qui vient interroger mon travail. Et l’inverse est vrai aussi. Nous adorons jongler entre toutes ces casquettes, car cela correspond à notre envie profonde d’un théâtre où l’on se renouvelle en permanence.
C’est une expérience unique de cheminer en tant qu’artiste au sein d’un binôme sur le long terme. Dans ma collaboration avec Pablo, nos individualités s’affirment et grandissent au gré de la rencontre – du choc parfois – de nos esthétiques. Et cela résonne à chaque instant avec ma conception du théâtre comme d’un art qui part de soi mais qui est toujours tendu au dehors, vers l’autre.

Nous nous sommes réuni·e·s sur l’envie d’un théâtre politique, engagé, provocateur. Sur une parole qui parle directement aux spectateur·ice·s. soit dans une forme de récit épique, soit dans une forme de cabaret. Avec un fort appétit pour le texte écrit. Avec une fascination intense pour les gestes et le corps. 

Nous nous sommes engagé·e·s sur un projet de binôme d’égalité homme-femme, où nous rejoignons nos luttes particulières et communes ( féministes, queer, écologistes, pour la collectivité, pour l’humain…). C’est-à-dire, nous nous sommes engagé·e·s sur une militance intersectionnelle.

Nous nous sommes préoccupé·e·s de la mythologie contemporaine, les histoires passées qui ont heurté l’âme humaine. Nous aimons nous consacrer aux monuments de la culture populaire – et même la culture Pop ! – qui marquent nos vies autant qu’ils reflètent nos époques.

Nous nous sommes enflammé·e·s à l’idée de créer avec nos artistes des processus artistiques conçus comme des laboratoires pleins de liberté et d’hybridité, où le théâtre touche la danse, la musique, la performance, et pourquoi pas, d’autres disciplines. 

Nous nous sommes réuni·e·s, engagé·e·s, préoccupé·e·s et enflammé·e·s…
Pour dénoncer la cruauté et la violence, avec notre rage, notre dérision, notre espoir, notre tristesse, notre méfiance, nos paillettes et nos danses. 

Verified by MonsterInsights